Jeudi 24 octobre, dernière journée du Réseau Jeunes 2019 avant le grand départ demain.
Il est 9h30 à la mairie d’Avignon lorsque les 109 jeunes participant.e.s débarquent. L’hôtel de ville se remplit d’un joyeux brouhaha. Dans la luxueuse salle des fêtes, tout le monde s’installe – jeunes, animateur.rice.s, élu.e.s locaux, CAF et quelques élu.e.s de fédérations de centres sociaux. Ça y est c’est l’heure de présenter ce qu’ils et elles ont préparé hier avec beaucoup d’implication et d’application.
Après une courte prise de parole de l’adjointe au maire, place au débat mouvant. Le principe : se mettre d’un côté ou de l’autre de la salle pour exprimer son accord ou désaccord avec une affirmation, volontairement clivante. Cette affirmation, elle est tirée d’une des questions posées aux passant.e.s lors du porteur de parole de l’avant-veille : « Urgence écologique, un problème de riches ? ». La majorité exprime son désaccord mais un gros noyau se dit d’accord. Les arguments pleuvent : « oui l’urgence écologique est un problème de riches car ce sont les multinationales qui détruisent la planète, » « la surconsommation a été inventée par les riches, » « est-ce plus facile de faire bouger 99% de la population ou les 1% les plus pauvres ? ». Les partisans du « pas d’accord » rétorquent : « nous on laisse faire ça donc on a autant de responsabilités, c’est un problème de fonctionnement et de système, » « on est tous victimes et acteurs de la surconsommation, » « c’est à nous de ne pas les suivre… ».
Puis, la petite dizaine de jeunes ont déclamé à l’assemblée leur texte écrit la veille. Un texte fort, qui reprend l’essence de tous leurs ressentis et réflexions de ces derniers jours. Des paroles puissantes qui posent leur ras le bol d’être pris pour des gamins alors que leur avenir est en danger. Vous pouvez retrouver leur déclamation ci-dessous :
Par petits groupes composés de jeunes, d’animateur.rice.s, d’élu.e.s, tout le monde était ensuite invité à débattre autour de plusieurs questions : « pensez-vous que nous sommes capables de changer nos modes de consommation ? » « est ce que l’Etat en fait assez pour l’écologie ? » « pensez-vous que c’est votre rôle d’agir davantage face à l’urgence écologique ? », « est ce que ça vous semble normal d’attendre le dernier moment pour changer les choses ? ». Ainsi les échanges ont permis de confronter les points de vue, de parler des alternatives et de reposer le rôle des centres sociaux sur cette question. Le temps de restitution se termine. Sans conclusion car comme le dit Hervé d’Engrenages, « il n’y a pas de conclusion possible à la question écologique, ça n’est qu’une première étape. »
PLUS CHAUDS QUE LE CLIMAT
Mais la matinée n’est pas terminée ! après une petite collation, voici venu le temps de l’action – ou « happening » – sur la place devant l’hôtel de ville. Là, tous les jeunes sont à fond. Trois rôles se dessinent : les pollueurs qui jettent leur sac poubelle par terre (floqués de messages tel que « respecte ta mer »), les pollués qui portent un masque à gaz et re balançent les sacs sur les pollueurs et les « manifestants » qui portent des panneaux à message (« le peuple a le pouvoir de changer l’Etat et l’Etat, l’industrie », « à l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or », « on a toujours sacrifié l’essentiel à l’urgence alors que l’urgence est l’essentiel »…). Tout ça en scandant un slogan bien connu des dernières manifestations pour le climat « on est plus chauds que le climat ! ».
Pour la plupart des jeunes, la matinée se termine là. Ils et elles partent déjeuner avant le quartier libre de cet après midi et de se faire beau pour la boum de ce soir. Mais pour 9 autres volontaires c’est l’heure de la conférence de presse. Une première dans l’histoire du Réseau Jeunes. Ils et elles ont présenté un texte, partant de la même base que celui présenté aux élu.e.s, devant les journalistes venu.e.s de France bleu Vaucluse, Vaucluse Matin ou encore Reporterre. Là encore, cette parole collective réaffirme leur envie d’agir pour le futur, dénonce le manque d’engagement des pouvoirs publics et repose aussi leur rôle, en tant que consommateurs. En voici un extrait :
« L’urgence écologique met en péril nos trois valeurs françaises :
D’abord notre liberté : car on constate des formes de censures et de répressions des manifestations pour le climat, et un manque d’accès à une information fiable sur l’urgence écologique.
Notre égalité : parce que l’urgence écologique nous touche différemment selon qu’on soit riche ou pauvre, et les inégalités ne font qu’empirer. Les impacts du réchauffement climatique toucheront particulièrement les pauvres à l’échelle mondiale.
Notre fraternité : d’abord parce que nos pays riches, dont la France, ont pillé les ressources naturelles des pays pauvres et du sud, et continuent aujourd’hui encore de polluer sans ménagement ces pays qui à leur tour veulent se développer. La fraternité aussi car cette crise écologique ne nous unit pas et renforce l’individualisme. »
Pour télécharger le texte complet, cliquez ici.
Sur le jeu des questions réponses avec les journalistes, quelques jeunes avouent être plus sensibilisés et d’avoir plus envie d’agir pour l’environnement maintenant. « Je n’ai pas envie de vivre dans un monde où il y a de la famine, des inondations partout, » confesse Rania, 14 ans. Les jeunes insistent sur leur désir d’être relayé.e.s par la presse, d’être entendu.e.s, amplifié.e.s même. Et ça ne s’arrêtera pas là. 109 jeunes de partout en France ont interpellé les politiques, la société mais aussi eux-mêmes. Une dynamique s’est enclenchée pour mettre en place des choses dans leurs centres en rentrant. En créant des affiches pour commencer puis en passant à la radio locale par exemple… Alain Cantarutti, délégué général de la fédération nationale des centres sociaux, rappelle que la FCSF peut jouer le rôle d’intermédiaire pour obtenir un rendez-vous avec un.e député s’ils.elles veulent porter plus loin leurs propositions. Tant d’éléments qui nous donne envie de retrouver un peu d’espoir… ! A suivre…
> Les articles du mardi: https://www.centres-sociaux.fr/reseau-jeunes-2019-cest-parti/ et mercredi: https://www.centres-sociaux.fr/reseau-jeunes-2019-il-faut-quils-nous-ecoutent/
Les articles de Vaucluse Matin, France bleu et Reporterre seront également à retrouver bientôt !