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Ministre/jeunes : un dialogue de sourd ?

La matinée du quatrième jour du Réseau Jeunes national était consacrée à des échanges entre élus locaux, représentants des centres sociaux, présidente de l’association Co-exister et Sarah El Haïry, secrétaire d’État en charge de la jeunesse et de l’engagement. Une jeunesse qui avait des messages à faire passer… A-t-elle été entendue ?

 

« L’idée, c’est que l’on passe un bon moment ensemble », énonce Sarah El Haïry en prenant place aux côtés de jeunes. La rencontre a lieu dans le grand gymnase de l’internat qui accueille le Réseau jeunes cette année. Les participants sont en petits groupes, installés en cercle, une place étant réservée à chaque fois pour « les officiels », qui se lèvent un a un pour se présenter. La secrétaire d’État introduit la matinée en expliquant les raisons de sa venue : « Je suis là pour entendre la parole des jeunes, dans leur grande diversité, et voir comment elle peut influencer les décisions ». Le cadre est posé. Les jeunes s’engouffrent, fiers de leurs trois journées de travaux sur les religions et de la qualité de leurs échanges. Certains prennent le micro pour témoigner devant tous des discriminations qu’ils subissent en raison de leur religion ou de leur couleur de peau. Oumar relate à nouveau les contrôles policiers incessants et Geneba son impossible intégration dans une classe où elle est la seule noire et la stigmatisation de la part de ses professeurs. La secrétaire d’État reprend la parole pour défendre les forces de l’ordre, le corps enseignant et les valeurs de la République… Début du dialogue de sourd.

Des propositions et une déception

La veille, les jeunes ont travaillé sur des propositions pour mieux vivre leur religion et lutter contre les stigmatisations. Nahel et Maoudé en présentent certaines, de la nécessité de créer des lieux d’échanges sur ces thématiques, animés par des intervenants compétents, à la levée de l’interdiction de porter le voile au lycée en passant par une meilleure formation de la police en matière de discrimination. Les médias ne sont pas épargnés, pointés du doigt comme vecteurs puissants de la stigmatisation des musulmans. Les jeunes souhaiteraient, par exemple, que les femmes voilées y soient davantage visibles.

Puis commencent les échanges en petits groupes et la restitution de certains d’entre eux. Françoise Ballet-Blu, députée de la Vienne, relate que des jeunes lui ont confié vouloir partir en Grande-Bretagne. Elle lance : « restez avec nous, on a besoin de vous ». Un élu à la mairie de Poitiers commente : « l’intelligence collective, ça marche ». Au tour de Sarah El Haïry de reprendre la parole : « j’ai entendu de l’incompréhension, de la colère et au-delà de la fatigue ». Puis de rappeler l’importance de l’unité du pays, qui s’incarne notamment par son hymne national. Elle demande alors à toute l’assemblée de chanter La Marseillaise, suivie par une partie des jeunes. D’autres laissent exprimer leur colère dès le chant terminé, d’autant que la secrétaire d’État s’est éclipsée pour faire un point presse. « On n’est pas écoutés et pris au sérieux parce qu’on est jeunes », dit Jawan. « Quelle est l’avenir de nos propositions ? On a travaillé pour rien », regrette Aya. « Les officiels sont venus armés de leurs idées, sans laisser de place aux nôtres », scande Loïs. « On n’en peut plus des inégalités et des injustices qui détruisent la société. Durant ces journées, on s’est arrêté sur les aspects négatifs. On nous l’a reproché. Mais si on ne l’avait pas fait, qui l’aurait fait ? Et on n’aurait pas pu formuler des propositions », ajoute Émilie. Pour apaiser le débat, un élu à la ville de Poitiers annonce que la proposition de créer des espaces de paroles et d’échanges seront mis en place dans les écoles. Alain Cantarutti, délégué général de la FCSF, affirme quant à lui que les centres sociaux peuvent être « des espaces pour construire le vivre ensemble » et qu’ils sont des alliés de cette jeunesse dont « le travail réalisé est essentiel ».

 

De retour dans le gymnase, Sarah El Haïry se fait prendre à parti par Oumar, qui lui reproche de les avoir laissés sans réponse. « Nous dénonçons les discriminations dans la police ou les lycées, mais ça ne marche pas car rien ne change. Alors, que fait-on ? ». « Je n’ai pas de baguette magique », rétorque la Secrétaire d’État. « Et si on la construisait tous ensemble ? », lui propose le jeune de Poitiers. L’invitation est lancée…

Anne Dhoquois, avec Tina, Noémi et Laounia

 

 

Les propositions des jeunes du réseau Jeunes

Elles sont à lire ici.

 

Conférence de presse

A la fin de la matinée, une dizaine de jeunes ont tenu une conférence de presse. Ils ont présenté leur centre social, le réseau jeunes et le fruit de leurs trois journées d’échanges. Puis, ils ont répondu aux questions de la presse nationale et locale. Une première expérience pour beaucoup qui s’est déroulée dans un cadre apaisé, un moment qui leur a permis de partager leur expérience, sans se sentir jugés. Étaient présentes Tina, Laounia et Noémi qui ont également contribué à couvrir le Réseau jeunes national pour le site de la FCSF. « J’ai beaucoup aimé participer à la rédaction des articles, ça m’a permis d’enrichir et d’étendre mon savoir », confie Laounia. Tina ajoute : « J’ai vraiment apprécié d’aller vers les gens, de leur demander leurs ressentis et de le retranscrire. Si c’était à refaire, je le referai ». Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine !

 

Les articles relatant les jours précédents sont à retrouver ici pour le 20 octobre et là pour le 21 octobre !

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