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Une visite guidée dans le quartier de Pasila, à Helsinki

Cet article a été écrit dans le cadre d’un séjour d’échanges européens ERASMUS+ FAB’US (plus d’infos ici) à Helsinki du 6 au 12 octobre 2019, avec plusieurs profesionnel.le.s et bénévoles de centres sociaux de Maine & Loire, Haute Garonne, Essonne, Deux Sèvres, Bretagne, Ardennes, Charente,  et de la FCSF.

Paula Dura, ancienne sans abri : « Lors de notre visite du quartier, nous avons fait preuve d’empathie ensemble. »

Avant, Paula Pura prenait de la drogue en guise de remède pour faire face à ses peurs et à sa honte. Maintenant, elle organise des visites guidées pour Hima & Stada dans le quartier de Pasila à Helsinki, en Finlande, pour aider les gens à éprouver plus de compassion.

D’abord, il y a eu de la peur, puis les drogues sont apparues comme une solution. Finalement, Paula a été diagnostiquée comme souffrant de graves problèmes de santé mentale. Il y a encore quelques années, elle passait son temps entre la gare de Pasila et d’autres lieux publics car elle ne pouvait avoir accès à un appartement. La solitude se faisait sentir et le mental n’était pas au beau fixe.

Aujourd’hui, la gare représente une nouvelle vie. Nous somme à Rauhanasema (« la gare de la paix »), près de la gare de Pasila. Sur la maison en bois jaune, on peut lire « L’humanité partage le même sang. » C’est un très bon point de départ pour une visite guidée, pendant laquelle Paula aborde les problèmes des sans-abris et de la santé mentale des jeunes femmes. Elle a vécu deux ans à la rue. Aujourd’hui, elle fait partie de ces rues et n’a plus rien à craindre.

Bien que le nombre de personnes sans logement en Finlande est bien en dessous de la moyenne européenne, 5500 personnes restent sans abri. Le nombre de jeunes femmes à la rue de moins de 25 ans augmente. En 2018, elles étaient plus de 1200 femmes seules et sans abri en Finlande. En réalité, ce nombre est bien plus important, car c’est un problème répandu, notamment chez les femmes.

Paula ne se sentait pas prise au sérieux dans les centres de santé et a fini par rejoindre un groupe de soutiens aux personnes addicts. « J’ai essayé de me faire aider au centre de santé mais on ne m’a donné que des numéros de foyers d’accueil. »

Nous arrivons dans la rue «  Junailijankuja », où se trouve un centre d’hébergement pour les sans-abris de longue durée, appelé Vailla. Selon Paula, il est important que de tels lieux existent. Elle a elle-même vécu pendant 10 mois dans le centre d’hébergement de Sillanpirti, qui vient en aide aux usagers de drogue à la rue. Pendant ce temps, elle a participé à un programme de réhabilitation communautaire. « Le soin apporté par la communauté m’a sauvé la vie. Sans ça, je n’aurais pas été capable d’arrêter complètement la drogue. » Il y a tout juste un an et demi, Paula a obtenu son propre appartement et a pu quitter le monde de la rue. « Un consommateur de drogues s’arrête seulement quand il en a la volonté. Nous avons besoin de plus d’établissements de ce genre pour les traitements. »

Selon Paula, la personne qui demande de l’aide reçoit souvent des médicaments plutôt qu’un réel traitement, par manque de ressources. Elle critique également le manque de services dédiées aux femmes.

Loin de la solitude

La solitude a été omniprésente dans la vie de Paula Pura depuis son enfance. Dans les moments difficiles, elle s’est prise de passion pour l’art et la danse. Grace au flamenco, elle a pu laisser libre cours à ses sentiments. “Je me sentais en sécurité pendant au moins une heure par semaine. »

Nous marchons vers la vieille locomotive à Pasila et nous dirigeons vers le jardin urbain. Près de là, se trouve un laboratoire entretenu par l’association environnementale « le Dodo. » Cette association fonctionne sur la base du volontariat et le concept est basé sur la communauté.

Paula aide aujourd’hui les jeunes défavorisés et qui ont des conduites « à risque », notamment en donnant des cours de danse.

Par compassion

La visite se termine par l’hôpital Aurora. Aujourd’hui, l’hôpital est spécialisé dans les maladies infectieuses mais c’est aussi un hôpital psychiatrique. Parfois, Paula Pura intervient auprès des patients pour leur fournir des informations sur la désintoxication. Ces personnes sont dans la même situation que l’était Paula. Dans la plupart des cas, ils sont persuadés qu’une vie sans drogues n’est plus possible. La mission de Paula est de leur redonner espoir.

C’est maintenant l’heure des remerciements et de rentrer. Pour la plupart d’entre nous, cette expérience a permis d’entrevoir ce qu’est la vie de personnes sans abris. Nous avons été ensemble, des personnes différentes. C’est ce qui compte, selon Paula Pura. “Ces visites développent ma compassion car nous partageons tous les mêmes sentiments. »

Quelque soit le parcours de chacun, chaque marcheur découvre les rues de l’est de Pasila ensemble. De la gare à l’hôpital, en passant par les maisons en béton, du street art et les tourbillons de feuilles, nous avons déambulé à travers le passé d’une personne et retenu un message puissant : j’ai survécu.

Ces visites guidées sont organisées par Hima & Strada, le projet de la fédération finlandaise des centres sociaux qui a pour but de sensibiliser et lutter contre le problème des sans abris.

Article original et photos: Suvi Pärnänen.

Traduit de l’anglais à partir de la traduction du finnois de Junias Kanyinda, article à retrouver sur le site de l’IFS ici. 

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