Dix jeunes du centre social de Malpassé à Marseille vont à la rencontre de personnes dans le besoin plusieurs fois dans l’année et construisent leur séjour d’été afin d’organiser des temps de débats sur des sujets de société et leur projet solidaire.
Au centre social de Malpassé, dans le 13° arrondissement de Marseille, les vacances se préparent toute l’année. Le séjour d’été est la finalité d’un projet au plus long cours, initié par les jeunes du quartier. « C’est la demande des jeunes depuis deux ans de faire des actions solidaires pour rencontrer des personnes marginalisées, explique Nabila Bounad, référente prévention jeunesse. Nous sommes sur un territoire en grande précarité à Malpassé. Il y a quelques années des jeunes de 15 ans se sont fait tués. Une solidarité s’est installée, les ‘grands frères’ ont eu envie de montrer aux plus petits qu’on pouvait faire des choses pour les autres. Et aussi de s’investir dans la vie du quartier et de changer l’image des jeunes sur le territoire, qui est médiatisé uniquement lorsqu’il y a un fait divers. »
L’année dernière, les jeunes sont partis à la rencontre de publics isolés comme les enfants malades ou bien les maisons de retraites. Cette année, ils ont été à la rencontre de personnes sans domicile fixe, accompagnés par une association locale. « Leurs représentations ont été totalement bousculées, développe Nabila. Pour eux, une personne à la rue était sans emploi et subissait sa situation. Ils ont rencontré des personnes qui avaient un boulot et d’autres qui étaient dans la rue par choix. Ils se sont pris une claque. »
L’été dernier, le groupe d’une dizaine de jeunes âgés de 16 à 18 ans est parti à Argelès. Cette année ça sera le cap d’Agde. L’idée : poursuivre pendant 5 jours – au grand air !- la démarche solidaire de l’année par des temps de débats et de réflexions, couplés à des temps de loisirs. Ce séjour constitue aussi l’occasion d’aller à la rencontre d’une association de jeunes du territoire. A Argelès, les Marseillais ont débattu sur le thème de la laïcité avec les Perpignanais de l’association « génération solidaires. » Au cap d’Agde, le groupe ira discuter des représentations – et de solidarité – avec la junior association de Montpellier.
EN AUTONOMIE
Mais ce séjour n’est pas une fin en soi : « il y a des jeunes qui s’investissent dans le projet de l’année et qui ne partent pas, qui laissent la place aux autres car ils ont les moyens de partir en vacances. La solidarité elle se vit aussi entre eux. Et finalement ce qui importe beaucoup aussi c’est la construction du séjour, la démarche. » Car les « adulescents » construisent le projet en autonomie. « Il y a des temps d’ateliers par petits groupes. Chaque groupe s’approprie un rôle et des tâches à faire (budget, communication…). Ce sont aussi eux qui contactent les autres lorsqu’il y a une réunion. Et ils vont choisir les activités qu’ils veulent faire avec le budget qu’il reste. S’ils se prennent pas en main, ils savent qu’ils mettent en péril le projet ; en fait le groupe régule le groupe, » analyse la référente prévention jeunesse.
« Cette démarche est en plein dans l’empowerment, le pouvoir d’agir, poursuit-elle. Ils s’autonomisent complétement, et d’une certaine façon je les accompagne à devenir adultes. » Le premier séjour a aussi permis aux jeunes de devenir plus mobiles, de surmonter une certaine peur de l’ailleurs. Le bouche à oreille ou « transmission par les pairs » comme l’appelle Nabila, donne aussi envie à d’autres jeunes qui ne sont pas adhérents au centre social d’y aller. « Le centre social de Malpassé est souvent catalogué comme centre aéré, pour les plus petits, donc le fait que les jeunes qui s’investissent parlent aux autres de ce qu’ils font ça a plus d’impact que si c’était moi qui leur présentait nos actions. Du coup, il y a de plus en plus de jeunes de plus de 15 ans qui se présentent au centre » détaille-t-elle.
A la rentrée, le travail avec les jeunes va aller encore plus loin. Avec sept centres sociaux du 13eme et du 14eme arrondissement, les jeunes parleront inégalités hommes-femmes. Ils envisagent de travailler autour de la thématique de la prostitution, avec comme partenaire potentiel l’Amicale du Nid qui accompagne les personnes en situation de prostitution. Car « sans rencontre humaine, le message ne peut pas passer, » conclut Nabila Bounab.
Ce projet est soutenu par la FCSF, dans le cadre d’un partenariat avec l’ANCV ! Les aides aux projets vacances (APV pour les habitués) permettent de soutenir le départ en vacances collectif ou individuel de familles et jeunes inscrits dans une dynamique de projets vacances, en apportant un complément au financement du séjour, via des chèques vacances. Ces aides veulent contribuer à rendre concret le droit aux vacances pour tous, en s’appuyant sur nos valeurs et démarches (pouvoir d’agir des habitants notamment).Pour plus d’infos : ici