On y est. Enfin ! En Flandre Maritime, dans le Nord Pas de Calais et à la FCSF, on y bosse depuis un an et demi. Alors, il y a de l’excitation, un peu de stress, beaucoup de fierté aussi… pour cette Escale qui démarre aujourd’hui. On va être entre 350 et 650, administrateur.rice.s, salarié.e.s, bénévoles de centres sociaux de partout en France. 4 jours, du 31 mai au 3 juin, en 3 lieux différents à Grande Synthe, Gravelines et Dunkerque ! 4 jours où notre réseau va, à mi-parcours de notre projet fédéral « la Fabrique des possibles », se pencher sur les transformations de notre société, de notre réseau. 4 jours où nous allons ensemble, regarder comment nous avons fait avancer le pouvoir d’agir des habitant.e.s, mettre en lumière nos réussites, poser à plat nos difficultés, identifier des leviers pour les années à venir. Beau programme, non ? Et encore, on ne vous parle pas de toutes les animations prévues, concoctées par les centres de Flandre Maritime. Des géants, un défilé solidaire, un carnaval des Possibles, des pièces de théâtre, des spécialités culinaires locales… et même une bière spécialement brassée, parait-il…
Durant les 4 jours, nous allons vous raconter tout ça. Tenir un journal de bord. Pour le partager avec vous, toutes et tous, du réseau des centres sociaux, habitant.e.s, partenaires, internautes. Pour que vous aussi, soyez de notre Escale. D’ailleurs, vous savez que vous pouvez suivre des séquences en direct ? Voir nos travaux au fur et à mesure ? Regardez sur notre site internet www.centres-sociaux.fr (rubrique L’escale en direct) ou depuis l’application de l’évènement lescale2018.
2 juin 2018. Aujourd’hui, notre réseau fait escale à Dunkerque, au Kursaal plus précisément. Déjà, le décor. Le Kursaal, c’est un gros lieu d’évènements culturels, où se côtoient des artistes, des expositions… et notre Escale. Alors, quand on arrive et qu’on voit les lettres géantes qui affichent notre réseau, on n’est pas peu fiers !
« Il est 9h30, et vous avez trois heures de totale liberté », annonce Vanessa Jaume, qui lance le forum ouvert. Trois heures pour choisir les sujets dont les participants ont envie de débattre, trois heures pour se dire tout sur le pouvoir d’agir. Est-ce un mythe ou une réalité ? Comment on avance dans les centres sociaux, qu’est ce qui fait frein ? Comment on peut aller plus loin encore ?
Et pour débattre de tout cela, on multiplie par deux aujourd’hui le nombre de participants. 300 habitants et professionnels de Nord Pas de Calais nous rejoignent. Nous sommes entre 600 et 650. Et c’est un joyeux bazar au début. Pas de sujet pré-défini. Pas d’animateur. Pas d’objectif de production. Mais un cadre quand même. On commence à écrire les questions que l’on se pose, on propose un sujet de débat, on se porte volontaire pour animer un bout de l’échange. Certains se lancent tout de suite. D’autres sont un peu perdus… Mais les animateurs et leur tournesol sont là pour aiguiller. Les premiers cercles de discussion se mettent en place. Les rencontres se créent. On se découvre, on se dit d’où on vient, on partage ses expériences. Quand on s’ennuie ou qu’on a le sentiment que l’échange ne nous apporte plus beaucoup… on peut changer d’espace d’échange ! La liberté totale !!! Les participants prennent plaisir à ce temps, qui donnent aussi l’opportunité de se poser, d’aller à son rythme alors que le rythme est jusque-là bien dense !
D’autres préfèrent aller sur le parvis et s’assoir dans les fauteuils des deux Germaine, de Vendée et des Ardennes, pour profiter à quelques mètres de la mer d’un peu d’air, voire des quelques rayons de soleil qui pointent.
Après le repas et quelques minutes de balade, on se retrouve en début d’après-midi pour se projeter. Quels défis pour demain ? De quoi a-t-on besoin de la part du réseau, de la fédération ?
A chaque fois, la spontanéité des gens à se rencontrer, à réfléchir ensemble est étonnante ! et le réseau produit ! On aura droit à la synthèse demain matin pour notre table ronde de sortie d’Escale.
L’après-midi s’enchaine. Bientôt, en parallèle, deux évènements se réalisent, se croisent. Dans la salle de spectacle, une scène, des spectateurs tout autour. On y joue, chante, raconte une histoire, la sienne, celle de son territoire, de son pays, de sa migration… A travers les démarches culturelles présentées, c’est le développement du pouvoir d’agir des habitants qui se dit, se raconte : « j’ai appris à prendre confiance en moi, à pouvoir parler sans être repris, à mettre un pied devant l’autre, à aller plus loin ».
Retrouver ici l’interview de Gaëlle Berge, porteuse d’un projet Culture lab, Ardèche
Des propos mis en scène qui sont en écho direct avec ceux de Yann Le Bossé, dans la salle à côté, qui présente son approche autour du développement du pouvoir d’agir. Il prend appui sur une phrase de Paul Ricoeur : « La souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur physique ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d’agir, du pouvoir faire, ressentie comme une atteinte à l’intégrité de soi. Le dpa est un outil puissant. Si on arrive à se changer soi-même et qu’on peut accompagner l’autre, est-ce qu’on ne change pas la société ? ». Les moments sont forts et ressourcent, nourrissent, renforcent, réinterrogent des actrices et des acteurs qui au quotidien, dans les centres sociaux agissent avec les habitants.
Mais à côté des salles, le hall bruisse, s’agite. Des rires un peu étouffés – mais de moins en moins – se font entendre. Ici une séance de maquillage, là, des comtesses magnifiquement habillées. Les maquillages sont accentués, criards, on sent qu’on va faire la fête. Et on sent qu’ici les gens ont le sens de la fête. Nos hôtes ne reculent devant rien. Ce soir, c’est initiation des participants au Carnaval de Dunkerque !! « ça fait bizarre de ressortir nos costumes en juin », raconte une dunkerquoise qui se prépare. Il faut dire que le Carnaval se déroule habituellement de janvier à mars, tous les week end. Mais avant ça, repas sur le parvis du Kursaal, avec… les célèbres baraques à frites ! Mais vite, le Carnaval se lance. On se retrouve vite happé, maquillé, entraîné dans des danses carnavalesques, avant de passer à de la musique plus actuelle. Quelle fête ! Demain, c’est la dernière matinée. Le réveil va être difficile !
retrouvez le carnet de bord des jours précédents !