Pascale Balian, chargée de mission au sein de l’union et Ahmed Mraihi, jeune engagé dans de nombreux réseaux jeunes (RJ), nous proposent un regard croisé quant à l’utilité de cet événement, à la fois pour l’Union, mais avant tout, pour la jeunesse. Une belle occasion de mettre en pratique les valeurs des centres sociaux.
Pourquoi avez-vous décidé d’organiser un réseau jeuneS au sein de l’Union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône ?
Pascale : La première édition a été organisée pour répondre à une demande des professionnel⸱les de la jeunesse au sein des centres sociaux, en 2017. Depuis, c’est devenu un réel temps fort. Cet événement a un double objectif : fédérer l’équipe, les centres sociaux et les différent⸱es acteur⸱ices des questions jeunesse (notamment les référent⸱es jeunes et de prévention jeunesse) autour d’un même projet, mais aussi de permettre aux jeunes de faire un pas de côté par rapport à la réalité de leur quotidien et de la vie de leur quartier. C’est également un excellent moyen pour eux.elles d’aller à la rencontre de nouveaux jeunes !
En tant que « jeune », à votre sens, en quoi les RJ sont essentiels ?
Ahmed : Au départ, cet événement est un peu une excuse pour retrouver ses ami⸱es ! Mais au fur et à mesure, les participant⸱es se sentent concerné⸱es par le message parce qu’ils et elles ont l’habitude de voir les interlocuteur⸱ices. La pédagogie est donc assez naturelle, on est vraiment sur du pair⸱e à pair⸱e, les jeunes parlent aux jeunes, et lors des RJ, on peut évoquer des sujets qui ne sont pas forcément abordés dans un cadre scolaire. Pour ce qui est des jeunes moteur⸱rices, on est organisateur⸱ices des événements et donc réellement partie prenante, ce qui est très valorisant !
Quelles étaient les grandes thématiques des différentes éditions des RJ ?
Pascale : Les premiers réseaux jeunes portaient sur la question de la rencontre, du harcèlement, de l’écologie ainsi que la justice sociale au moment des Banquets Citoyens. L’année dernière nous avons abordé la santé mentale et le prochain au mois de septembre sera sur les influences. Ce sont les jeunes moteur.rices (des jeunes engagés sur les réseaux jeunes depuis longtemps, qui sont souvent plus âgés et endossent un rôle de représentation) qui ont impulsé ces thématiques, qu’ils et elles ont ensuite choisies en votant lors des réunions de préparation.
C’est vraiment un projet fédérateur, qui se transmet de génération en génération entre les jeunes, c’est super chouette de retrouver les frères et sœurs des participant⸱es des éditions précédentes.
En tant que jeunes moteurs, quel(s) thématique(s) souhaiteriez-vous aborder lors d’un prochain RJ ?
Ahmed : Pour faire le lien avec l’actualité, il serait intéressant d’aborder la question de la citoyenneté : c’est quoi être un⸱e citoyen⸱ne ? Comment voter ? Quels sont nos droits en tant que citoyen⸱nes ? Je constate également que dans mon entourage, les thématiques autour de la santé mentale et notamment la question de la confiance en soi sont très présentes. Nous sommes nombreux à être conscient⸱es qu’en tant que « jeunes de quartier » nous sommes stigmatisé⸱es : on se dit que l’on ne peut pas faire telles ou telles choses.


Quels sont les éléments clés pour un réseau jeune réussi ?
Pascale : Le lieu où ce dernier se déroule est important, mais avant toute chose, le temps de préparation en amont avec les jeunes est fondamental. C’est ce qui permet cette certaine « magie » qui se dégage de chaque RJ ! C’est vraiment un projet phare et nous constatons que les jeunes sont toujours contents de venir et chaque année ils sont plus nombreux⸱ses. Tout ce travail en amont permet de nouer des liens de confiance et de nourrir la relation humaine. Les RJ, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! Et le gâteau est fabriqué toute l’année, c’est un réel travail de fond, avec toujours au cœur de ce dernier cet esprit centre social et éducation populaire qui nous est propre. La dernière chose essentielle, c’est la mise en place des techniques d’animation d’éducation populaire, comme le photo langage ou le théâtre forum. Cela permet d’avoir la bonne posture face aux jeunes.
Ahmed : Je dirais le climat de bonne ambiance qui est insufflé par les jeunes moteur⸱rices, c’est cela qui donne une réelle dynamique. Ils et elles viennent tous et toutes de Marseille et de sa région, ce qui fait naître un lien de connivence. La durée aussi : comme les RJ se déroulent sur plusieurs jours, chaque participant⸱e joue le jeu. Il y a des vraies rencontres qui se créent. Je pense que les jeunes sentent que c’est le début d’un truc qui peut ensuite déboucher vers d’autres formes d’engagement.
De quelle manière ces événements jouent un rôle central dans la participation des jeunes au sein de notre réseau ?
Pascale : C’est un vrai projet de réseau qui permet de travailler ensemble pendant des mois, dans une sorte de synergie ! On se réunit toutes et tous pour avancer dessus et réaliser le travail préparatoire. Et comme cela se passe toujours bien, on repart gonflé⸱es à bloc. C’est vraiment un projet fédérateur, qui se transmet de génération en génération entre les jeunes, c’est super chouette de retrouver les frères et sœurs des participant⸱es des éditions précédentes. Ce qui est marquant, c’est qu’à la fin de chaque rencontre, ils et elles viennent me remercier : il y a beaucoup de reconnaissance, d’attachement et d’enthousiasme. Une année, à la fin d’un RJ, un jeune m’a demandé comment faire pour être jeune moteur : on avait réussi à susciter chez lui l’envie de s’engager.
En tant que jeune, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Ahmed : Cela m’a permis d’acquérir une première expérience d’animation, et surtout, j’ai trouvé ma voie professionnelle ! Cette expérience m’a aidé à savoir que je voulais vraiment travailler avec des jeunes et les accompagner. Je me sens utile et j’ai l’impression d’être dans de la transmission. Ce qui est intéressant, c’est de réussir à poser un cadre, sans être forcément dans une posture d’autorité, avec des jeunes qui ont juste quelques années de moins que moi. Avec la question du pouvoir d’agir, le RJ m’a permis de voir ce que je pouvais faire, d’une certaine manière, ca m’a permis de lever des freins. Cela s’est fait petit à petit : j’ai commencé en tant que participant, ensuite je suis devenu jeune moteur et aujourd’hui jeune ambassadeur. C’est aussi un bon moyen de se créer un réseau, à la fois amical mais également professionnel : j’ai pu notamment rencontrer des directeur·ices de centres sociaux.
Il y a des vraies rencontres qui se créent. Je pense que les jeunes sentent que c’est le début d’un truc qui peut ensuite déboucher vers d’autres formes d’engagement.
La politique au sens large est-elle une question abordée dans les RJ ?
Pascale : Ce n’est pas vraiment une question qui était à l’ordre du jour, mais cette dernière s’est un peu imposée d’elle-même après les législatives. De jeunes ambassadeur·ices se sont dit que compte tenu des résultats, il fallait agir. Un peu au pied levé, ils et elles ont organisé trois rencontres sur la place publique, pour ainsi créer du débat, proposer des temps d’information sur comment aller voter et ont également contacté des politiques. D’une manière générale cela a bien fonctionné et c’était une démarche assez courageuse, qui a permis de la communication entre pair⸱es. Ce sont vraiment des jeunes qui ont le sens de l’engagement !
Ce qui est marquant, c’est qu’à la fin de chaque rencontre, ils et elles viennent me remercier : il y a beaucoup de reconnaissance, d’attachement et d’enthousiasme.
