Des rêves : voyager, avoir un meilleur avenir, être tous égaux, gagner à l’euromillions sans jouer… Et des colères : des jugements de valeur, les mensonges des politiques, un système éducatif trop inégal, être rangé dans des cases dès la naissance… Les post it jaune et rouge affichés sur un grand mur de la salle, racontent ce que les jeunes, réunis pendant deux jours à l’invitation de la FCSF, pensent et voient de leur société. Avec leurs mots, avec autant d’humour que de profondeur. Ils sont 27, ces jeunes entre 16 et 20 ans, de Mazamet, Lille, Luneville, Poitiers, Provins et Pau, à avoir accepté de participer après leur semaine de lycée, de formation…, à un temps d’échanges et de réflexion sur leur vision de la société, sur leur place dans celle-ci, et sur l’engagement.
Ils se retrouvent avec bonne humeur. Ils se connaissent, les 27 étaient présents, il y a un mois et demi au réseau Jeunes à Sens. « Au lendemain du réseau jeunes, explique Nicolas Oberlin, administrateur à la FCSF, et alors que le réseau des centres sociaux se met en mouvement autour de la motion qui vise à soutenir une pédagogie de l’engagement des jeunes en centre social, il nous paraissait important de prendre le temps de nous rencontrer, d’écouter ce que ces jeunes ont à dire de leurs préoccupations, de leurs envies d’engagement dans la société, et de les croiser avec celles de notre réseau ».
Le samedi matin, les visages sont un peu fatigués (dur quand même de démarrer à 9h, un week end!!), mais une fois que le groupe a émergé, les débats et les avis fusent. L’échange s’installe autour de quatre sujets : notre place dans notre centre social, nos sujets de préoccupations dans la société, ce que ça veut dire s’engager aujourd’hui, notre regard sur la pauvreté des jeunes – la FCSF est sollicitée sur la pauvreté des jeunes dans le cadre de la construction d’un plan gouvernemental -. Les sujets de préoccupation recoupent souvent ceux que les adultes posent : inégalités, injustices, travail, défiance envers les politiques, terrorisme. Mais avec leurs mots, leurs entrées, leurs réalités. Leur regard sur la pauvreté est riche d’enseignements, celle-ci touchant à la difficulté de trouver sa voie (face aux injonctions des conseillers d’orientation), à pouvoir être autonome, à se faire plaisir, à avoir accès aux soins. Les propositions fleurissent aussi : taxer les plus riches pour rééquilibrer envers les plus pauvres, établir des revenus universels…
Autant d’échanges qui mettent en lumière une jeunesse, des jeunesses très conscientes et concernées par les inégalités, mais aussi motivées et mobilisées pour un meilleur avenir pour elles et « les générations futures » insiste un des groupes. Des jeunesses qui se sentent engagées, volontaires, et pour lesquelles les centres sont de beaux lieux d’émergence de projets, d’autonomie, de rencontre… même si parfois, « on aimerait pouvoir plus voyager et développer des projets plus importants ! ».
A travers un temps comme celui-là, insiste Claudie Miller, présidente de la FCSF, et ceux qui pourraient suivre, « ce sont aussi des parcours de formation et d’engagement que nous avons envie de promouvoir dans notre réseau, pour que ces jeunes prennent leur pleine place dans les centres sociaux et dans la société. Que leur parole soit écoutée et entendue. Et que nous nous mettions nous aussi en posture d’écoute, en capacité de travailler avec eux aux conditions de cette expression, à ouvrir et développer de véritables espaces et lieux d’expression et d’échanges mixtes et entre les générations… ». Alors prêts à continuer ? Le Oui est franc et massif. Avec l’envie que leurs copains du centre, qui n’ont pas pu venir cette fois-ci puissent participer une autre fois. Avec l’envie aussi de se retrouver plus souvent, avec d’autres, sur le plan national, mais aussi plus proches d’eux, en départements et régions. Les messages aux animateurs, aux centres et aux fédérations sont lancés. « Mais pas trop souvent, quand même, concluent plusieurs jeunes, avant de reprendre leurs trains, on a besoin de nos week end aussi pour sortir, pour faire du sport et nous reposer ! ».