A l’occasion de la rencontre nationale « Une voix(e) commune contre les discriminations », voici l’ interview de Sylvia Thenard, organisatrice communautaire à l’association rennaise « Si on s’alliait,» structure invitée à cet événement.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Sylvia Thenard, organisatrice communautaire à l’association « Si on s’alliait ». Cette structure créée en novembre 2013 a pour but de renforcer le pouvoir d’organisation des citoyens. Nous travaillons surtout avec les habitants des quartiers populaires et les migrants. L’association vise à soutenir leur mobilisation avec la mise en place de campagnes citoyennes pour œuvrer à l’amélioration des conditions de vie. On utilise des méthodes du community organizing : l’objectif c’est d’accorder une place aux premières personnes concernées, les « experts du quotidien. » Quand il y a un problème, ce sont eux qui sont aptes à proposer des solutions aux décideurs. Là-dessus, on a un rôle de soutien, d’accompagnement pour créer des moyens de pression. On va par exemple proposer des rencontres collectives avec des personnes ou structures qui ont les mêmes problématiques pour qu’ils puissent s’allier et se faire entendre auprès des institutions.
Comment vous inscrivez-vous dans la lutte contre les discriminations ?
C’est au cœur de notre combat depuis le départ. Nous avons constaté que les résidents de quartiers populaires et les personnes migrantes subissaient de fortes inégalités. Les problématiques qui ressortent relèvent donc de l’injustice sociale. Par exemple, nous nous sommes plusieurs fois confrontés à des bailleurs qui refusaient de faire des travaux dans des appartements situés dans des quartiers populaires. Là on est dans de la discrimination de classes. Avec les personnes migrantes, nous avons mené des actions à la préfecture de Rennes car les conditions d’accueil étaient déplorables. Ici, on est sur du racisme institutionnel. On a envie d’apporter du pouvoir aux personnes qui se sentent impuissantes. Ensemble, on est plus fort et il est plus facile d’obtenir des choses.
Quels sont enjeux de cette rencontre ?
Pour nous, c’est d’abord rencontrer d’autres associations et collectifs qui agissent dans la lutte contre les discriminations. Il y a aussi un intérêt à parler d’autres formes de discriminations sur lesquelles nous ne travaillons pas ou pas encore. Nous sommes en train de monter un « groupe femmes » pour lutter contre les discriminations de genre mais nous en sommes au tout début donc on aimerait pouvoir échanger avec des personnes engagées sur ce terrain. Et pourquoi pas penser à une alliance au point de vue national !
Selon vous, quelles sont les perspectives en matière de lutte contre les discriminations ?
C’est simple : écouter et donner la parole à ceux qui vivent des discriminations, qu’elles soient mises autour des tables de négociations. Sur le quartier de Villejean à Rennes où nous intervenons, on voit que les bailleurs et les élus deviennent plus attentifs. On a imposé la parole des habitants et ils se rendent compte doucement qu’elle est essentielle, qu’ils ne peuvent pas faire sans les premiers concernés. Je suis réellement optimiste : si on y arrive à l’échelle d’un quartier, j’espère qu’on pourra y arriver à l’échelle nationale.