Au Centre social rural intercommunal François Maillard situé dans l’Oise, une attention toute particulière est portée aux droits aux vacances ainsi qu’au public senior. Créer du lien social entre pair·es, partager son expérience, reprendre confiance en soi, prendre part à un collectif, profiter d’un temps en dehors de son quotidien, etc. Voilà bien des avantages que représente ce type de séjour.
Séverine Doligé, animatrice senior du Centre social rural intercommunal François Maillard, est connue comme le loup blanc sur le territoire, et notamment auprès de son « public cible », les seniors. Elle nous relate avec humour une anecdote qui témoigne de cela : « Avec mon mari, je parlais de faire une visite avec le Petit Train touristique à Obernai. Une de mes seniors, ayant entendu une partie de ma conversation, me demande plus de détails sur le train. Je lui explique mon idée et elle me dit qu’elle aimerait bien venir avec moi. Pas de soucis, j’appelle pour voir s’il y a de la place. Le bouche à oreille opérant, on s’est retrouvé à 41 personnes ! J’ai donc moi-même organisé une sortie, sans le vouloir ! » En tant qu’animatrice senior, elle a pour mission d’organiser des actions collectives ainsi que des actions de prévention portant sur le bien vieillir. À cela s’ajoute la coordination et le lien avec la référente du département pour le dispositif Monalisa, dont le but est de lutter contre l’isolement social. Au sein du centre social, c’est plus de 32 personnes qui bénéficient de visite de convivialité dans le cadre de ce dispositif.

En plus de ce dispositif et des ateliers, le centre social propose depuis maintenant 3 ans des séjours à destination des seniors. Ces séjours permettent de lever le frein financier, principale raison empêchant les départs en vacances. En effet, les chiffres du CREDOC sont assez éloquents sur le sujet : 46% des personnes interrogées déclarent que c’est l’aspect financier qui les empêchent de partir en vacances. Claudine Kubler, directrice du centre social qui a impulsé ces séjours lors de son arrivée au centre, abonde dans ce sens : « 80% des personnes qui partent avec nous n’auraient pas pu partir autrement, et presque 50% des personnes sont en situation très précaire. Pour la plupart, ils et elles ne s’autorisent pas à partir parce qu’ils et elles disent être en vacances toute l’année. » De plus, Séverine constate que d’une manière générale, c’est un public assez isolé et qui peut facilement souffrir de la solitude. À cela s’ajoute le fait que pour certain·es, ils et elles ne bénéficient pas de moyen de locomotion, ce qui entrave d’autant plus les départs en vacances.
Participez à lever les freins qui entravent les départs en vacances
C’est désormais la 3ème année que ce type de séjour est organisé et force est de constater que c’est toujours un franc succès : chaque année, le centre social enregistre 25% de nouveau inscrit·es et en à peine 15 jours, le séjour est complet ! Même si le programme est proposé par la structure d’accueil, le lieu de villégiature est quant à lui, choisi en fonction des demandes des participant·es. Tout est pensé pour leur faciliter le séjour, mais chaque vacancier·e reste néanmoins indépendant et libre de participer ou non aux activités proposées. Cette année, direction l’Auvergne et plus particulièrement la commune de Vic-sur-Cère, avec au programme des visites des villages médiévaux alentours, une rencontre avec les producteurs locaux, des balades, des jeux de société et même une soirée libre au casino.
Nous avons réussi notre premier objectif : créer du lien entre les autres.
Séverine Doligé
Le lieu d’accueil bénéficie même d’une piscine intérieure, pour des moments de détente assurés ! Séverine constate qu’à chaque fois, toutes et tous papotent entre eux·elles et apprennent à se connaître tout au long du séjour. Si ces moments sont toujours l’occasion de tisser du lien et de créer de belles rencontres, c’est aussi un peu grâce à elle : elle garde un œil attentif et bienveillant sur les vacancier·es et veille à ce que personne ne soit laissé sur le carreau ou ne se sente isolé. En effet, Séverine insiste sur un point très important, à savoir la posture à adopter en tant qu’accompagnant·e ou animateur·ice senior : il est essentiel d’être à l’écoute, bienveillant et savoir faire preuve de souplesse. Au-delà du besoin de s’évader, de sortir de son quotidien ou de faire un pas de côté face aux problèmes de la vie, ces séjours sont donc de formidables moyens de tisser du lien. Et Séverine de déclarer : « Nous avons réussi notre premier objectif : créer du lien entre les autres. » Claudine Kubler, de son côté, déclare : « Les retombées sont très positives, il y a un réel engouement et une forte envie de se retrouver. Au mois d’octobre, une fois le séjour passé, on organise une réunion pour leur montrer les vidéos et photos du séjour. Toutes et tous sont revenu·es car ils et elles ont très envie de se revoir. »
De plus, l’avantage de ce type de séjour, c’est que les participant·es partent l’esprit libre. Car en plus du frein financier, des freins psychologiques peuvent parfois s’ajouter, plus difficile à identifier et à lever. En effet, certain·es ne s’autorisent pas à partir, partant du principe qu’étant à la retraite, ils et elles n’ont pas nécessairement besoin de vacances. Parfois, cela peut aussi relever de la peur : la peur de partir vers l’inconnu, de changer d’horizon, d’être dans un endroit qu’ils et elles ne connaissent pas. A ce sujet-là, Claudine déclare « Certain·es seniors n’osent plus bouger et ont peur de partir. Comme ils et elles sont accompagné·es par le centre social, cela est très sécurisant. » La grande plus-value du centre social, c’est la proximité des salarié·es et notamment de Séverine, qui connaît la plupart des séniors et n’hésite pas à leur en parler directement, notamment celles et ceux qui sont dans les situations les plus précaires. Enfin, du côté du centre social, c’est également un bon moyen de valoriser les différentes activités solidaires mises en place (comme les transports solidaires ou encore l’aide aux démarches administratives) auprès d’un large public. Des séjours d’une grande valeur, tant ils permettent de favoriser le lien social, de développer le pouvoir d’agir mais également de renforcer l’estime de soi pour un public parfois oublié.