« Nous avons dit en tous les domaines que nous refusions la société duale. Ce n’est pas d’individualisme dont nous avons besoin mais de mobilisation locale des forces vives sur des projets qui apparaîtront sans doute de dimension modeste mais qui contribueront au déblocage d’une société coincée. » (Etienne Matray)
En 1984, à l’époque du Congrès des centres sociaux de Bordeaux, la « société duale », celle qui différencierait les exclus des inclus, se profile. Le chômage devient massif et de plus en plus durable. La précarité dans l’emploi accroît les risques de désaffiliation. La pauvreté s’accentue, même chez les travailleurs ayant un emploi. La stigmatisation des banlieues fractionnent les populations, notamment les jeunes. Les politiques publiques ciblent prioritairement les publics marginalisés.
Dans son discours de clôture d’un congrès qui a pour titre « Des solidarités pour un développement local », Etienne Matray, président de la FCSF, le réaffirme : les centres sociaux n’accompagneront pas les exclusions. Aux propensions à vouloir sortir de la crise économique et sociale de manière « individualiste », les centres sociaux opposent leur méthode : le développement d’initiatives collectives capables, avec les « forces vives » locales, de solidariser les populations et de « débloquer » les enfermements catégoriels. C’est le sens que les centres sociaux doivent donner aux « projets » sociaux qu’ils vont désormais négocier directement avec leur Caisse d’Allocations familiales, pour obtenir leur agrément d’animation globale et de coordination.
Par Jacques Eloy
Pour en savoir plus :
> Discours de clôture du Congrès FCSF de Bordeaux, le 25 novembre 1984, à trouver dans les actes du congrès édité par la FCSF en juin 1985, sous le titre Congrès national des centres sociaux. Actes du congrès. 23, 24 & 25 novembre 1984, p.115-117. Cette brochure est consultable aux Archives Nationales à Pierrefitte.
> Consulter le site de Mémoires-Vives, où l’on trouve notamment la biographie d’Etienne Matray.