Les centres sociaux, en temps de déconfinement

Depuis le 11 mai, les centres sociaux sont autorisés à rouvrir. Beaucoup de structures se sont réorganisées pour pouvoir à nouveau accueillir du public, tout en respectant scrupuleusement les mesures sanitaires. Avec un mot d’ordre : animer de nouveau la vie locale et renouer du lien social. Zoom sur 3 centres sociaux à Lille, Argenteuil et Thenon.

Centre social L’arbrisseau, Lille (59)

Le 11 mai, le centre social L’arbrisseau à Lille commence à rouvrir très progressivement. D’abord le multi accueil, puis l’accueil individuel, les ateliers du secteur adultes, des petits groupes de parole, l’accompagnement scolaire et enfin l’accueil des enfants il y a quelques jours. Le centre social reçoit beaucoup de sollicitations pour des demandes individuelles, beaucoup moins pour du collectif. « Le centre social est un lieu de vie collectif, l’individuel c’est important mais ça ne fait pas le centre social, explique Jean Philippe Vanzeveren, directeur. Ce confinement a beaucoup marqué les esprits. Il y a beaucoup de défiance sur tout ce qui est collectif. Beaucoup de familles n’ont pas remis leurs enfants à l’école. Malgré le déconfinement, il y a encore une ambiance assez anxiogène. Là on va devoir être offensif et rendre notre programme attractif pour regagner nos publics au plus vite. Franchement je ne pensais pas que ça serait si compliqué ! » Durant le confinement, le centre avait maintenu le lien avec les habitants à travers l’aide alimentaire, l’accompagnement scolaire à distance et via le numérique à travers l’opération « mon centre social à la maison » (en savoir plus ici)Néanmoins, « la dimension humaine est essentielle. C’était important de rouvrir le 11 mai car notre cœur de métier, c’est le partage. La dimension collective c’est notre ADN.» Les challenges pour les mois à venir, Jean-Philippe les place dans la lutte contre la fracture numérique (un sujet sur lequel le centre est déjà bien engagé), minimiser les inégalités scolaires et renforcer le pouvoir d’agir des habitants, « surtout dans les quartiers où la crise économique va être encore plus redoutable. » Un des « points positifs » de la crise c’est la confirmation que la mission du centre est essentielle & le renforcement des liens entre les centres sociaux lillois.

Maison pour tous du Val d’Argent, Argenteuil (95)

A Argenteuil (95), situé en île de France – « zone orange » – la Maison Pour Tous du Val d’Argent a rouvert avec une équipe en présentiel, à mi-temps. Les priorités se jouent autour de l’accès aux droits : il y a beaucoup de sollicitations pour la permanence sociale avec l’écrivain public notamment. Sakina Nhari, directrice du centre social, a également remarqué une recrudescence de violences conjugales. Des rendez-vous en face à face sont mis en place. Des animateurs proposent également des rencontres individuelles pour échanger avec les habitants et faire de l’aide aux devoirs pour les plus jeunes. Comme à Lille, les gens ont plutôt peur de sortir et de se retrouver en collectif. « On est dans un quartier de 15 000 habitants, avec un hôpital à côté, où le virus circule pas mal. Les gens savent qu’on est là mais ils sont assez frileux, explique Sakina. De plus, on a eu des situations compliquées à gérer liées à la mort d’un jeune et des heurts entre police et habitants, donc on a passé du temps à informer et mobiliser d’autres acteurs pour apaiser. Mais nous allons organiser une rencontre autour de la parentalité, qui est un gros besoin en ce moment. On va mettre en place un accueil des enfants respectant le protocole pour que les parents puissent venir échanger tranquillement. » Pour Sakina, la crise a permis de confirmer l’idée que les familles sont sursollicitées (entre l’école, le club sportif…). La fracture numérique est également une problématique qui a émergé fortement pendant le confinement « et pas que chez les seniors ou les personnes qui ne maîtrisent pas l’écrit, au contraire ! Là on ne peut plus faire comme si, c’est un gros chantier qu’on va travailler avec l’Education Nationale. »

Centre social Passerelles à Thenon (24)

Le centre social rural intercommunal de Thenon (24), situé dans le Périgord noir, a rouvert au public le 18 mai. Les activités ont repris, sauf celles en collectif et celles à destination des seniors. Les activités collectives vont reprendre progressivement dans les jours à venir. Là encore, Marie-Claire Boulinguez, directrice, remarque qu’il y a beaucoup moins de monde qu’avant. « Les gens ont un peu peur de revenir…tous ceux qui viennent sont très précautionneux. Mais l’ouverture du centre social donne l’impression de retrouver une vie sociale. On a un peu l’impression que le temps s’est arrêté et le fait de se remettre dans une dynamique, ça fait du bien ! Aussi bien pour les pros, que les bénévoles, et les habitants ! On sent que le contact physique a beaucoup manqué à tout le monde pendant le confinement ! » Le confinement a été l’occasion pour le centre de se recentrer sur les activités essentielles : « on maintenait des activités historiques mais qui n’étaient pas vraiment dans l’esprit centre social, on s’est dit que c’était peut-être le moment de ne pas reconduire ces activités. » L’avenir, même à court terme notamment sur l’été, est encore assez flou. Mais ce qui est sûr c’est que « tout le monde a besoin de projets où on pourra se réunir ! J’ai rencontré quelques élus qui m’ont tous questionné sur la tenue des jeux intervillages de fin septembre, on a tous très envie que la vie redevienne un peu comme avant ! »

Resserrer les liens, s’adapter, innover, c’est peut-être cela qu’aura apporté de positif cette période de confinement. Les centres sociaux prennent le pouls de notre société et sont souvent aux avant-postes, notamment en période de crise.

La grande majorité des centres sociaux est resté très actif pendant le confinement afin de maintenir le lien avec les habitants. Retrouvez dans ces interviews audio des témoignages de centres sociaux qui racontent une initiative pour maintenir le lien avec les habitants, ainsi que quelques interviews qui racontent la réouverture des centres sociaux.

Retrouvez également dans le dernier C’est Possible ! « Coronavirus, le lien avant tout » de nombreuses actions des centres sociaux mises en place pendant le confinement.

Photos: Marta Nascimento (à Poitiers), Amélie Heroux (à Marseille)

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